Mount & Blade
Mount & Blade (et son évolution, Warband) est un jeu unique dont je n’ai encore jamais rencontré d’équivalent. Le jeu nous introduit à Calradia, pseudo-Europe moyenâgeuse dont les terres sont partagées entre 6 factions : les Vaegirs, sortes de slaves vivant dans la toundra ; le royaume de Swadia, aux chevaliers d’inspiration franco-germanique ; la république de Rodhok, productrice de vins fins et d’arbalétrier aux accents italiens ; le Khanat Khergit, des archers à cheval vivant dans les steppes ; et les Sarranides, équivalent des arabes, vivant dans dans le désert autour de rares oasis.
Tous ces peuples forment de temps à autres des alliances, des pactes et des traités commerciaux, mais la plupart de leur temps est consacré au sport régional: la guerre. Chaque faction inspire à rallier tout Calradia sous sa bannière, et s’emploie donc à conquérir villages et châteaux pour y parvenir. Pour ce faire, le roi de chaque royaume s’entoure d’un certains nombres de lords à qui il confie des terres, et qui jurent en échange de le servir. Ces lords se chamaillent, complotent les uns contre les autres, avancent leur propre agenda, se rallient autour du maréchal du royaume ou au contraire font cavaliers seuls, mais savent quand même mettre leurs différends de côté quand vient l’heure du duel avec une puissance rivale.

Les nobles de Calradia sont avant tout des seigneurs de guerre, battant les plaines avec leur grandes armées.
Mais tout ne tourne pas autour de la cour du roi. Pendant que l’élite se partage le monde, le reste de la population essaye elle aussi de vivre ou de survivre dans les terres souvent hostiles de Calradia : les bandits forment des hordes, se cachent dans les montagnes ou dans les forêts, et attaquent les caravanes des marchands qui essayent de tirer profit des pénuries crées par les guerres. Les paysans parcourent la campagne pour amener leurs produits à la ville en essayant de ne pas être pris à parti par la soldatesque. Des troupes de mercenaires proposent leurs services au plus offrant.
Et c’est dans cet écosystème que le joueur, quidam fraîchement débarqué en Calradia, va tenter de s’introduire. Le jeu laisse la plus grande liberté, tant au niveau du style de combat (épéiste ? lancier ? archer à cheval ?) que du rôle à jouer dans la société. Peut être le joueur va t-il collecter un petit pécule et acheter un stock de poisson séchés dans une ville côtière qu’il revendra dans les terres, empochant la différence. Peut être va t-il servir de messager pour un lord local. Peut être va t-il chasser les bandits de leurs repaires. Chemin faisant, le trésor de guerre augmente, et avec lui la réputation du joueur dans les royaumes. Peu à peu, de plus en plus de gens se joignent à lui. Au début seul, puis entouré de quelques paysans et d’une âme en peine croisée dans une taverne, il se retrouve bientôt entouré de dizaines de soldats professionnels, certains lourdement armés.
Comme tout ce petit monde coûte de l’argent, le joueur aura vite compris que pour entretenir sa force de frappe, il va devoir obtenir lui aussi sa part du gâteau : d’abord mercenaire auprès d’un lord, il finira par se faire reconnaître au cours d’une bataille particulièrement réussie, et deviendra le vassal du roi. Après avoir prêté serment, il obtiendra son propre fief : peut être un petit village pour commencer, mais avec les victoires et le temps, et s’il conserve les bonnes grâce du seigneur, il obtiendra vite un château, ou peut être l’une des grandes villes commerçantes. Le temps passant, les troupes du joueur s’agrandiront encore, arrivant dans les centaines d’unités, son territoire s’étendra, jusqu’à menacer le pouvoir de son seigneur. C’est à ce moment là qu’il fera cessession, créant son propre royaume, nommant ses compagnons les plus proches comme lords, et débauchant les chevaliers des autres royaumes pour les apporter à sa cause. Il pourra ainsi mobiliser des milliers d’hommes dans sa conquête, et devenir, peut être, le premier empereur de Calradia.
C’est ce type de scénario que permet de vivre Mount & Blade Warband. Un mélange unique de stratégie et de wargame, de fps et de rpg, de gestion et de tactique. Un jeu qui se renouvelle tout au long d’une partie : on ne joue pas de la même façon quand on est seul dans les steppes avec 25 sous et une épée cassée que quand on dirige un royaume. Un jeu qui permet de façonner le monde à son image, pour peu qu’on aie la chance et le talent militaire nécessaire.
Visuellement, le jeu se présente sur plusieurs plans : une grande carte du monde en vue aérienne où on déplace son personnage et les troupes qui l’accompagne (on ne dirige pas d’autres unités, uniquement le « héros » et son « équipe »), des menus permettant d’interagir avec les autres personnages, les villes et les divers évènements, et, lorsque le héros entre en bataille ou visite une ville, un mode FPS (on peut aussi jouer à la troisième personne), directement dans la peau du héros.
Les villes sont jolies et chacune a ses particularités, même si on y retrouve les mêmes personnages importants (des marchands, le maître de guilde local, la taverne et ses mercenaires en quête d’aventure…). Lors des batailles, un terrain est généré aléatoirement en fonction du lieu où les armées se sont rencontrées (dans la plaine, dans le désert, au bord de l’océan…), ce qui ne laisse au joueur que quelques secondes pour apprécier les avantages tactiques des lieux et ordonner ses troupes avant que les flèches ne commencent à pleuvoir.

Si les armées font le gros du travail, le talent du joueur compte beaucoup et peut renverser le cours d’une bataille.
Car oui, le héros peut (et doit) mettre la main à la pâte. Il ne dirige pas la bataille du haut d’un nuage, il est dans la bataille, entre ses hommes, braillant des ordres aux piquiers, tirant flèche sur flèche depuis le rempart de son château, testant sa nouvelle épée dans la chair d’un ennemi qui fuit, et généralement aussi présent et impliqué que n’importe quel autre soldat. C’est ce qui fait la force de Mount & Blade : c’est la guerre, complètement. Pas seulement la partie bataille, la partie tactique ou la partie stratégique. Certains jeux proposaient le premier (Age of Chivalry par exemple), d’autres unissaient les deux derniers (la série des Total War en est un bon exemple), mais dans les deux cas, on ne gérait pas tout. Dans Mount & Blade, on est vraiment responsable de tout, ce qui permet d’avoir énormément de choses à faire et de ne pas tomber dans la monotonie. Nourrir ses troupes, lever des paysans dans un village, mener une charge de cavalerie, participer à un tournoi, courtiser la fille d’un seigneur, suivre les traces de bandits, organiser un siège, aider un prétendant à monter sur le trône ou provoquer un lord en duel… Le pouvoir peut se conquérir de nombreuses manières.
Il existe trois moutures du jeu : Mount & Blade, Mount & Blade : Warband et Mount & Blade : With Fire and Sword. Le premier est le jeu original, mais il est avantageusement remplacé par Warband, qui ajoute un mode multijoueur, met les graphismes à jour (ça restera dépassé au goût de beaucoup de joueurs modernes, mais je le trouve très beau comme ça), et surtout ajoute un certain nombre de fonctionnalités qui manquaient au premier, notamment la possibilité de devenir roi. La dernière version (Fire & Sword) est en réalité un spin-off du premier jeu, souffrant donc de certains de ses problèmes mais restituant le jeu dans l’Europe de l’est (la vraie cette fois) du XVIIe siècle, un cadre intéressant et rarement exploré. Comme son nom l’indique, il inclue des armes à feu primitives, ce qui renouvelle l’expérience tactique.
Additionnellement, je recommande fortement l’ajout du Floris Mod Pack, qui est une compilation de mod de la communauté ajoutant beaucoup de contenu et de possibilités (notamment une IA améliorée, une simulation diplomatique étendue et beaucoup d’objets et de troupes supplémentaires) sans néanmoins dénaturer le jeu.
Le jeu est disponible sur Steam pour 20 €, mais il est régulièrement bradé à -75 %. Un pack contenant les trois jeux est vendu 30 € au lieu de 45 €. Le jeu est traduit en français, mais la dernière fois que j’avais vérifié, la qualité de ce travail était un peu aléatoire.
Un grand jeu donc, et surtout un jeu dont il n’existe pas d’équivalent aujourd’hui. Savant mélange de FPS médiéval, de 4X, de stratégie et de gestion, Mount & Blade est un jeu qui vaut le détour et qui saura vous immerger dans la vie d’un seigneur de guerre de l’ancien temps.
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