Borgen

Borgen est une série danoise de 2011 qui s’intéresse à la vie politique au Danemark. Derrière ce sujet d’apparence obscur se cache en réalité une très bonne exploration des problèmes posés par la démocratie et les médias dans nos sociétés.

Écran titre de Borgen

 

On suit la vie de Birgitte Nyborg, la chef du parti centriste (social-libéral) danois, une force politique mineure du pays, qui devient quasi-accidentellement l’un des partis majoritaires à la suite de le destruction mutuelle de la gauche et de la droite. Birgitte va donc se retrouver catapultée à la tête du pays en tant que premier ministre (monarchie parlementaire, politiques de coalition, tout ça).
À côté, on suit également les activité de Kasper Juul, expert en relations avec les médias (« Spin Doctor »). Si Birgitte est assez idéaliste et convaincue, Kasper est à l’inverse cynique et amoral, vendant ses talents de communicateur au plus offrant.
Enfin, la série s’intéresse à Katrine Fønsmark, jeune journaliste de TV1 obnubilée par la transparence et par le journalisme d’investigation.

 

Image extraite du générique

Borgen est produit par Danmarks Radio, déjà à l’origine de The Killing.

 

Je m’attendais à un truc bien noir, aux 10 heures de « on vous ment, on vous spolie, les politiques et les industriels se moquent du peuple en piétinant la constitution et les droits de l’homme », mais en fait…. pas vraiment.

Y’a de ça, mais c’est étonnamment moins opaque que ce qu’on croirait. Je ne sais pas si c’est une vision idéaliste de la réalité ou si c’est vraiment comme ça que ça se passe au Danemark (et, étant donné que c’est un des pays les plus avancés du monde dans ce domaine, ça parait plausible), mais c’est assez rafraîchissant de ne pas assister à l’habituel étalage de conspirations avec gros plan sur la politicienne naïve qui découvre stupéfaite les horreurs de la politique. Du coup, la série se concentre sur d’autres problèmes amenés à leur tour par l’influence de la presse libre et de la transparence, à savoir :

  • La liberté de la presse, jusqu’à où ? Ébranler le gouvernement à chaque petit scandale est-il bon pour le peuple ?
  • L’influence du pouvoir sur la presse, et vice-versa. Que faut-il poursuivre, la confiance du gouvernement ou les chiffres de l’audimat ?
  • Les relations personnelles et les conflits d’intérêts. Une journaliste peut elle être impliquée romantiquement avec un représentant d’un parti ? Qu’en est-il d’une histoire passée entre deux politiciens ?
  • La vie de famille au pouvoir. Comment conjuguer 16h de travail 365 jours par an et un ménage sain ? Le compagnon d’un premier ministre peut-il avoir une position de direction dans le privé, sachant qu’il serait mieux placé que tout le monde pour avoir des renseignements ?
  • Et bien sûr, tous les problèmes politiques habituels : négocier avec les autres partis pour obtenir une majorité, appliquer des mesures strictes versus empêcher les entreprises de partir à l’étranger, etc.

Donc c’est assez intéressant et varié, et c’est chouette d’avoir un truc comme ça en Europe. C’est également une des rares occasions qu’on a d’observer la société scandinave.

Une note sur la réception en France : la première saison a été publié sur Arte sous le titre « Borgen, une femme au pouvoir ». Ce titre et la publicité qui a accompagné l’arrivée de la série a pu en tromper certains sur les thèmes abordés : il n’est pas, ou peu question de femmes et de politique. Le fait que Birgitte aie le pouvoir suprême est très peu commenté, particulièrement dans la première saison. Je suspecte cette insistance sur le genre de Birgitte de venir de l’histoire politique française, très pauvre en femmes.

Image de Katrine Fonsmark, un des personnages de Borgen

Une bonne partie des personnages principaux sont des femmes, mais cela ne fait pas l’objet d’un commentaire particulier dans la majeure partie de la série

 

Toujours dans le cadre des réceptions étrangères, la chaîne américaine NBC a annoncé, comme à l’accoutumée, vouloir créer un remake de la série. Ça me semble stupide pour deux raisons : premièrement, une série du même genre y existe déjà : The West Wing (« À la maison blanche »). Ensuite, la différence de contexte rend une retranscription impossible : les états unis sont une grande union fédérale avec un parlement bicaméral et un système présidentiel. Le Danemark est une petite monarchie absolue avec un parlement unique et des prétentions internationales incomparablement plus modestes. Tout, de la démographie à la culture en passant par les sujet de société, diffère entre ces deux nations. Comment faire un remake valable dans ces conditions ? Et comme je le disais, l’un des gros intérêts de Borgen consiste à observer la démocratie telle qu’elle est pratiquée dans un des pays les plus avancé du monde dans ce domaine.

En somme, Borgen est une série réellement innovante qui captivera tous ceux qui sont intéressés, de près ou de loin, à la politique, aux médias, et aux sociétés.

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